dimanche 15 septembre 2024

54 - Je déteste les pauvres !

Moi, je ne fréquente pas les nécessiteux.
 
Je ne les aime pas.
 
Je les déteste, les méprise, leur crache dans le dos.
 
Les affamés, les loqueteux, les clients de la déprime, les abonnés aux jours mauvais, les comptes en banque vides, les colporteurs de mauvaises nouvelles et autres professionnels de la misère, spécialistes du désespoir ordinaire, bref les pauvres qui se lamentent à tout bout de champ, maudissent les honnêtes nantis et suintent la tristesse du petit-déjeuner au souper (qu'ils sautent quasi systématiquement) m'indisposent singulièrement.
 
A mes yeux il y a deux races opposées de sans-le-sou : celle qui chiale et celle qui la ferme.
 
Ma préférence va évidemment vers les crasseux discrets. Les autres, les bruyants, les gueulards, les mécontents, qu'ils crèvent !
 
Moi j'aime les gens débordants de bonheur, les esprits positifs, les âmes constructives, les astres qui brillent. D'où qu'ils viennent, quels qu'ils soient, quoi qu'ils fassent.
 
En réalité je puis normalement apprécier un infortuné, va-nu-pieds ou chômeur, assisté social ou SDF, qu'il soit mendiant ou simple travailleur sous-payé.
 
A condition qu'il respire la joie.
 
Mais s'il se paie le luxe indécent d'orner son indigence avec la grimace du deuil, ajoutant de la lourdeur à sa laideur, des larmes à sa pluie, de la noirceur à sa grisaille, des ténèbres à son obscurité, alors je suis sans pitié : je l'achève tout net !
 
Je lui enfonce encore plus la tête dans sa fange.
 
Quand on est au fond du trou, la plus mauvaise chose à faire en ce cas est de faire vibrer -non sans coupable complaisance- les cordes sinistres de la malédiction auprès des riches, des heureux, des bien portants...
 
Moi je ne veux pas entendre le chant de ces cafards.
 
N'ayant plus rien à perdre, plus rien  gagner, pourquoi choisir le pire quand on peut opter pour le meilleur ? Ca ne mange tout de même pas de pain de faire preuve de panache, non ?
 
C'est dans l'adversité que la vraie nature des hommes se révèle.
 
Quand on est sale et moche, puant et perdant, pitoyable et peu intéressant, et que l'on souhaite plaire à plus propre et mieux loti que soi, la plus généreuse option, la plus belle action, le plus aimable réflexe qui reste au gredin en guenilles que l'on est, c'est le SOURIRE !
 
Ce qui est la moindre des choses.
 
Le sourire est gratuit, apaisant, communicatif. A la portée de tout mortel, qu'il soit vêtu de soie ou de haillons. Sur ce point au moins ne sommes-nous pas tous égaux ?
 
C'est même là le vrai trésor du déshérité. Son unique richesse. Sa seule porte de sortie.
 
Et le ladre qui rechigne à me faire risette sous prétexte qu'il a le ventre creux et que je suis parfumé, fortuné, poudré et porte perruque, alors que ça ne lui coûte rien de m'offrir ce plaisir, celui-là n'est qu'un rat déjà mort digne de mon fiel !
 
Qu'il reste dans son purin et sa méchanceté !
 
Moi je dis : "malheur aux malheureux" !

Et tant pis pour eux.

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