samedi 14 septembre 2024

16 - Je n'ai aucune élégance

Sur le plan vestimentaire, je ne ressemble à rien. Pourtant on me compare souvent à un épouvantail. Ou à un vagabond, ce qui revient un peu au même, paraît-il.
 
Je suis le dernier des péquenauds. Le prince des gueux. Le roi des ploucs.
 
Ne sachant pas m'habiller, je mets n'importe quoi sur ma tête, pose sur mon dos ce qui me tombe sous la main, couvre mes épaules avec des chiffons trouvés sur les chemins ou des misères tombées du ciel.
 
Je ne peux jamais apparaître avec de corrects apparats : soit que j'ai la tête dans les nuages et je marche dans de la bouse de vache, soit que j'ai le coeur dans les roses et je perce mes pantalons aux mauvais endroits !
 
Quoi que je fasse ou ne fasse point, il faut toujours que je mêle de l'ordure à mes chaussures ou que je montre mes fesses ! Et sans le faire exprès encore, c'est ce qui est le plus fort chez moi.
 
Je n'ai nul sens des convenances sociales. J'ignore les règles les plus élémentaires de bienséances, trop absorbé que je suis par mes idées hors-sol, mes rêves  profonds, mes pensées lunaires.
 
Je me vêts tel un chiffonnier et me chausse comme un lourdaud, me présente aux inconnus avec des taches d'encre sur le nez et de la boue séchée sur mes chemises mitées, des éclats de sauce tomate sur mes cols, des fientes d'oiseaux dans mes cheveux.
 
Parfois je sors même carrément en slip dans la rue sans m'en rendre compte.
 
Totalement dénué d'élégance, je n'ai aucun souci de respectabilité apparente. Pas la moindre allure.
 
Je ne parviens décidément pas à ajuster mes haillons aux goûts des autres : quoi que je porte, je déplais aux mondains à peu près autant qu'à mes voisins.
 
Avec mon froc troué et ma défroque de charlot, personne n’ose m’approcher. Je ne fais ni bonne impression auprès de ceux qui aiment se faire bien voir, ni assez sérieux aux yeux des gens qui s’étonnent en me regardant passer. Pas un parmi eux ne m’accorde du crédit.

De tout cela je m'en moque finalement puisque, loin des villes et de leurs vacuités, dans mes légèretés d'éveillé comme dans mes bottes de bouseux, je suis un authentique rat des champs.

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