samedi 14 septembre 2024

2 - Je déteste les livres !

Cela semblera difficile à croire pour ceux qui apprécient mes textes, mais je me suis beaucoup ennuyé dans les bibliothèques.

Je n’ai rien lu. Ou si peu... Une douzaine d’oeuvres classiques en tout et pour tout, guère plus.

J’ai même refermé la moitié de ces ouvrages à mi-chemin, quand je ne les ai tout simplement pas survolés, picorant ici et là deux ou trois lignes avant de sauter cinquante pages pour achever ma lecture au bout de dix minutes... J’ai traité d’immortels chefs-d’oeuvre avec grande désinvolture : je les ai jugés nuls, lourds, indigestes, stériles ou insipides sans y avoir tout à fait plongé le nez. Juste en les effleurant d’un oeil distrait, lointain et déjà lassé. Les rares passages que j’ai ingurgités au cours de ma vie de piètre lecteur, soit je ne les ai pas vraiment compris, soit j’en ai bien vite oublié la poussiéreuse saveur. 

Les livres m’ont glacé les mains, engourdi le coeur, cassé les pieds.

A quelques mémorables exceptions près, tous m’ont endormi. Ces petits rectangles de feuilles reliées monotonement noircies m’ont emmené vers des sommets de mortelle torpeur. Il m’est arrivé de brûler rageusement quelques-uns de ces ternes morceaux de bois sec en maudissant leurs auteurs pour le quart d’heure qu’ils venaient de me faire perdre à tenter de décrypter leur plume, à mes yeux impénétrable... Je parle ici d’Albert Camus, de Céline, de Sartre, de Ionesco et j’en omets encore...

Vous les lettrés qui daignez m'admettre dans vos salons, vous qui avez quelque estime pour mes modestes rédactions, sachez que j’ai voué bien de vos idoles à la cendre !

Certains d'entre vous auront peine à entendre la chose mais c'est pourtant vrai : je suis un total inculte.

Ne me passionnant que pour mes propres productions, même médiocres, presque jamais je n’ai pris le temps de me plonger dans les écrits des géants.

Les plus illustres et plus productifs écrivains m’ont souvent inspiré des sentiments de cafard : Hugo, Balzac, Zola forment, selon moi, des murailles sombres, denses, épaisses. Avec leurs dizaines de volumes empilés, amassés, serrés dans leurs rayons lustrés, ils ressemblent à des blocs d’enclumes... A l’image des vieilles assiettes de porcelaine de ces foyers mornes et sans vie qui, à force de demeurer figées pour l’éternité sur des buffets tristes, deviennent des reliques décoratives que nul n’ose utiliser...

Je vois ces pavés pieusement entreposés dans leur autel proclamé des Belles Lettres comme de prétentieux poids morts.

Comment pénétrer avec légèreté dans ces citadelles de mots dressées sur d’austères étagères ? Avec leurs airs compassés, leurs aspects ennuyeux, leurs reliures d’un âge périmé, ces imprenables édifices de papier m’apparaissent comme de vastes et léthargiques champs de marbre tombal. Je ne perçois aucune promesse de joie à travers ces visages augustes de l'académique littérature...

En revanche, je me suis vautré avec délectation et sans complexe dans des « Mickey », des « Pif Gadget », des « Pieds-Nickelés » et autres bêtises dessinées « anti-livresques » qui ont l'avantage d'être des histoires en images et en couleurs, et non des pensées imprimées en noir et blanc. Même Tintin de Hergé m'a parfois paru trop « intellectuel », inaccessible à ma cervelle d'oiseau épris d'aérienne poésie !

C'est dire les immensités vierges de mon âme qu'il me reste à combler... 

Non en lisant mais en écrivant.

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